Lorsque l’on parle de la Guyane, on pense à sa jungle et à ses animaux. Et pourtant, la Guyane s’est aussi des cours d’eau immenses serpentant à travers cette jungle dense et sauvage. C’est, en effet, un territoire comportant de nombreux fleuves et affluents (La Mana, le Sinnamary, l’Approuague, la rivière Kourou, et bien d’autre).
Habitant dans l’ouest guyanais, et plus précisément à Saint-Laurent-Du-Maroni, nous allons nous pencher sur le Maroni.
Plus qu’un fleuve, une frontière
Le Maroni est le plus long cours d’eau du territoire guyanais, et s’étend sur plus de 600 kilomètres. Il prend sa source à Litani puis devient la Lawa à sa jonction avec l’Inini. Et enfin, il devient le Maroni lorsqu’il rencontre la rivière Tapanahoni, jusqu’à l’océan Atlantique.
Plus qu’un fleuve, c’est également la frontière naturelle entre la Guyane et le Suriname.
Cette frontière visuelle n’a pas réellement de statut juridique, elle date d’une époque lointaine où la France et la Hollande étaient maîtres de ces deux territoires. Actuellement, le Suriname conteste cette démarcation, il faudrait que la limite guyanaises soit sur ses rives. La France ne l’entendant pas de cette façon, souhaite que le Maroni soit coupé en deux en son centre. Le débat est ouvert, et n’est pas prêt de s’arrêter mais avant d’être un sujet politique, le Maroni est aussi un bassin de culture et de circulation.
Un bassin de rencontre des populations
Le Maroni abrite de multiples populations aux ethnies toutes aussi diverses.
Les plus anciens habitants du fleuve sont les amérindiens et quatre de ces six peuples autochtones de la Guyane vivent sur le Maroni.
On retrouve les Kali’na vivant plus sur le littoral, vers l’embouchure ou encore à Saint-Laurent-Du-Maroni. Puis en s’enfonçant dans les terres, on croise les Teko, les wayapi et les wayana. Ceux-ci vivent assez isoler, et essaient de faire perdurer leur mode de vie tout en y intégrant la modernité.
Les bushinengués sont les plus présents sur le Maroni, descendants d’esclaves africains issus du marronnage, ils sont constitués de plusieurs ethnies. Ainsi, côté guyanais, on retrouve les Boni (ou Aluku) qui vivent dans les villages d’Apatou, de Maripa-soula, de Loka et de Papaichton. Les Djuka vivant à Grand-Santi et les Paamaka à Providence.
Sur les rives surinamaises du fleuve, une forte population brésilienne est présente. Cette population a pour activité principale l’orpaillage légal et illégal. Ils ont construit des villes sur pilotis pour accéder aux fleuves et ses richesses.
Un espace avec des difficultés
Le Maroni est une voie de transport essentielle pour les populations vivant sur ses rives et ses îlots quelques soit leurs nationalités. Néanmoins, c’est un espace très peu aménagé.
L’hélicoptère étant réservé aux élus et aux urgences, et les aérodromes ne permettent pas l’accès à la plupart des kampoe (hameau, lieu dit, écart), la plupart des transports se font donc en pirogue .
Ainsi que se soit les personnes, les produits ou les véhicules tout passe par le fleuve. Celui-ci en fonction de la saison des pluies ou de la saison sèche est plus ou moins praticable. Par exemple, le passage des sauts (rapides) rend le voyage plus éprouvant et plus long en saison sèche car il faut parfois débarqué de la pirogue trouver un passage à pied et remonter plus loin.
L’orpaillage illégal plus qu’une difficulté est une problème de taille. Bien qu’interdit et réprimé côté guyanais, il est présent et fait énormément de ravages. Si l’on rajoute à ça, le fait qu’au Suriname, l’orpaillage soit légal mais surtout très peu contrôlé, les populations aux alentours subissent de graves atteintes.
L’orpaillage illégal provoque déforestation, précarité sanitaire, contamination de l’eau au mercure et déplacement de la faune sauvage.
La Maroni dans son ensemble subit les effets de l’orpaillage illégal et cela se répercute sur les populations vivant du fleuve et sur le fleuve. Les amérindiens sont principalement plus touchés par ses effets du fait de leur mode de vie et de leur isolement.
Pour conclure
Le fleuve Maroni tout comme ses voisins, La Mana, l’Oyapock et tend d’autres sont donc des voies de circulations et de commerce entre les populations. Il permet aux gens du fleuve de se nourrir, de se déplacer, d’échanger.
Il peut être capricieux mais il n’en reste pas moins magnifique.
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